01.Yves Béal
Yves Béal
CHEVEU COLLE A LA TEMPE DU MONDE,
TON NOM COMME UN CRI D'ETOILE
Mes loups
Dans la boue trop boueuse de mes mots
Dans le torrent trébuchant de mes syllabes
Comme larcin de vent, comme prières et chants
S’entrebaillent toutes les erreurs du monde.
Ma propre erreur. Ma colère.
Sur la dent qui craque de toutes ses lèvres
Sur Adam qui craque de toutes ses Eve
Comme drapeau blanc, comme peurs et chants
S’entrelacent tous les désirs du monde.
Mon propre désir. Ton absence.
Entre chaque pas de l’ours sur le sol
Je compte tes épis de blé noir
Et le lourd balancement de mon âme
Sur le fracas imperceptible de nos tendresses
Souvent la lune ourle mes loups
Du vent furtif de tes cheveux
Sur ma joue.
Couverture : Marie-Pierre Canard
ISBN 2-9509266-2-2
Première édition : juin 1998 ; retirages sept. 1998, janv. 1999, fév. 2000, nov. 2001, janv. 2006
Prix : 3 euros
Yves Béal
FOUTU MON ÂME
ET DE LA PHRASE POETIQUE
Aujourd’hui n’écris pas ne dis rien
1
Car le bonheur est cru qui serre le corps à chaque heurt du cœur contre les accrocs de la nuit. Car le malheur inscrit des bleus sur les yeux même les yeux bleus. Il n’y a rien de plus généreux que la misère elle s’ocre elle s’encre elle s’enfle elle s’âcre elle se saumâtre elle sacre l’enfance et chaque saison croasse. Il n’y a rien de plus profond que le battement d’un cœur sur des paupières closes écloses rien de plus sec que le battement du vent sur la grand voile du vaisseau amiral dans le creux de tes joues de tes jours et tes jardins sont des corsets qui n’enserrent pas la plus petite parcelle de terre aussi l’esprit aussi la mémoire aussi le désir et l’action. Il faut avoir vu crever la grande ourse gueule ouverte sur la puanteur du monde celui que nous fabriquons au compte-gouttes de nos bassesses de nos reniements de nos acomptes encaissés de nos lourdeurs d’estomac devant les noyaux de cerises coincés en travers d’un œsophage étréci par la complaisance la complicité la trahison. Car le bonheur est cru qui serre le corps à chaque heurt du cœur contre les accrocs de la nuit. Car le malheur inscrit des bleus sur les yeux même les yeux bleus.
ISBN 2-913676-26-X
Première édition : juin 2002 ; retirages en 2002 et 2007
Prix : 3 euros
Yves Béal
Trois
je dis
à ceux qui
sussurent des mots de notaires, monarques
ou gouvernants
à ceux qui
font ribote et bombance
de nos os à serments
(eux étranges de dénuement se
tordent à se meurtrir)
(eux baroques de néant dérisoire se
ruinent à ecchymose)
à ce que nous devons aux mots même
arrachés au mentonnet des portes
sans serrure sans encadrement
sans mur autour sans maison autour
sans hameau sans patrie sans monde
à ce que nous devons aux mots hirsutes
échappés de nos bouches de bègues
je dis que je suis cette cessation du feu
gourmande du ventre rare des astres
et des aurores.
Collage : Henri Tramoy
ISBN 2-913676-49-9
Première édition : juin 2006
Prix : 3 euros