TRÉSOR DE GUÈRE
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Nouvelle thématique proposée par la revue en préparation de son numéro 140 qui sortira au printemps 2022.
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MÉMOIRE DES PRESQUE RIEN
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Dispositif imaginé par Madeleine Ginet
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1. Me voici confortablement installé, sans rien faire ni rien écrire, allant à la mémoire des presque rien de ma journée.
2. Et puis voici que s'offre à moi le temps de la trace, de l'écriture : guère plus de cinq lignes, à propos de ce moment d'introspection. Disons une suite de flashes.
3. Au gré de ces cinq lignes je saurais dès lors identifier cinq mots de presque rien. Et décider de les faire proliférer sur le pôle matériel (la matière des mots) et le pôle idéel (le sens, les associations d'idées) en privilégiant la piste de l’exubérance. Puis à partir de cette quête, choisir d'écrire un texte foisonnant.
4. Je prends alors le temps d'une visite à l’œuvre de Bruno Catalano. Et plus particulièrement à ce voyageur. Je prends le temps d'énumérer le contenu de la valise de ce personnage quittant ses lieux habituels avec un minimum de bagage.
5. Il est certain que, dans ces mots de la valise, d'autres mots se cachent. Pour les faire jaillir, je les travaille sur le pôle matériel (pas le sens mais les sonorités, l'agencement différent des lettres… allitérations, bouts d'anagrammes…)
6. Avec cette matière, issue des étapes 4 et 5, me voici, écrivant un deuxième texte court.
7. Il est temps de conclure. Par exemple en assemblant, dans une sorte de collage, d'entrecroisement, les textes obtenus lors des étapes 3 et 6. En éliminant le trop plein (par exemple en écartant les mots — les choses — qui n’évoquent pas en moi cette idée de trésor). Afin qu'il ne reste trace que du presque rien.
Il me vient à l'esprit par association d'idées, un rapprochement entre ce que je viens d'explorer par l'écriture, ce trésor de guère, et une autre manière artistique, l'arte povera. Qui me donne envie d'aller voir le travail de Wolfgang Laib, par exemple.
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ÉLOGE DU PEU
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dispositif de création imaginé par H. Tramoy
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Voici qu’on se prend à imaginer un monde de la mesure. Ce qui suit nous inviterait clairement à énoncer un processus conduisant à l’écriture poétique.
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1. Pour une litanie du PEU
Contre les excès et la démesure, contre l’hubris, à l’envers des conduites qui les caractérisent et des méfaits qui en résultent, on constituerait une litanie du PEU, une liste de mots, idées et expressions qui disent le respect et la mesure, les bonnes pratiques et les bienfaits qui en sont le fruit.
Deux textes se composeraient alors, en étapes 2 et 3, issus de cette matière. Ils constitueraient les deux volets d’un même écrit final.
2. Écriture dans l’intention du tout
À partir de TOUTE la matière rassemblée lors de la quête précédente, on écrirait un premier texte, luxuriant, dense, épais. Nous sommes bien dans un processus d’écriture par traitement poétique de la langue (même si, par choix ou par nécessité, telle ou tel choisira peut-être d’abord, dans une première étape, de traiter le sujet, sur le versant réaliste-critique).
3. Réécriture dans la perspective du peu
Ce premier texte pourrait alors en générer un second, par un procédé de réécriture à l’économie, dans la légèreté et la mesure. On veillerait, d’un texte à l’autre, à ne pas répéter (sauf par choix délibéré).
4. Glissement de l’une à l’autre
On disposerait alors de deux versions écrites : un trop dit du PEU versus un dire allusif du PEU. C’est ce glissement de l’une à l’autre qui permettrait de révéler notre TRÉSOR, sous forme d’une maxime, d’une formulation courte (un peu à la manière de la moralité d’une fable). C’est ce trésor qui viendrait clore notre diptyque.
L’ensemble (écriture, réécriture et trésor) constituerait dès lors notre texte final, qui passerait probablement par une dernière étape d’affinage.
Une précise mise en page achèverait le processus.
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ARCHÉOLOGIE POSSIBLE DES SOUVENIRS DE L'ORDINAIRE
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Imaginé par Yves Béal et Frédérique Maïaux
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Souvent quand on visite ses souvenirs, on recherche les souvenirs marquants, ceux qui ont fait date, les monuments en quelque sorte. Trésor de guère va nous inviter à aller voir du côté de l’ordinaire, du quotidien, du quasi insignifiant. Ainsi, on s’attachera, comme dans des fouilles archéologiques, à dépoussiérer le banal, le commun, l’infime, le minuscule, l’anodin…
Guère du francique : waigaro qui, à l'origine signifie beaucoup (cf. l’allemand moderne gar). En français, guère ne peut s'employer qu'à la forme négative. Je n'en ai guère, signifie : je n'en ai vraiment pas, je n'en ai pas du tout. Naguère n'est que la contraction de : il n'y a guère (de temps), soit, mot à mot, il n’y a pas beaucoup de temps, il y a peu de temps, donc récemment ! À ceci près que, par glissement de sens, il a fini par prendre le sens de jadis, autrefois.
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