Arpenter

TEXTE COLLECTIF

consécutif au séminaire de Vesc, juillet 2002

 

Publié dans le n° 58 d'octobre 2002

Poëts… ou L'entre-temps des pierres

 

 

ARPENTER



Nous ne prendrons pas la tenue d’archiviste courant vieilles histoires de mousses, abusant la mémoire de ceux qui l’ont trop tôt perdue
Nous ne sommes que parcourir

Entre clématites et pavé, les temps s’entremêlent pour un présent recomposé sur une insuffisance de jour

Faut-il tourner la tête

Nous avions évoqué donner parole aux murs, aux gestes, aux interstices, avec l’homme et la femme au centre de la langue, vigilants dans la rumeur du texte    Les regarder comme s’ils devaient partir

Nous avons cru dire la profusion pour contenir ou contredire
Sans matière à casser



Ici je suis ailleurs, ailleurs je suis



Sous la rudesse des climats et des récoltes acides, nous aurions fait revivre chaque claquement de langue
La déchirure se serait rapiécée


Je, lecture des signes, l’histoire dévore la mort en repli



A la brisure des rêves et des ivresses, nous passerons chemin

Nous avons épelé chaque lettre jusqu’aux fraîchissements des champs, un risque à ne pas prendre à la légère      Détouré le silence

Élancements sous le sorbier, nous aurions déjoué l’aube et le cercle des choses jusqu’au débord des linceuls

Faut-il tourner la tête

Rendre insensés les signes nous fut premier, verbe gravé sur la femme, permanente jusqu’à la faulx (l’homme n’aurait été que dormance d’enfance)

Sous la langue, la longe, le vif du sujet, qu’en est-il de nos mémoires si ce n’est le fiel du pardon       Ailleurs prendrons-nous l’habit, les gestes humides de la raison

Dans les asiles pour herbes folles, le souci côtoie l’envie du ciel       Le vent tient à distance le vertige d’une veille       Hier c’était dimanche     Aujourd’hui aussi, parole de rôdeur

L’ombre portée du disparu modifie notre route
Faut-il tourner la tête

Nous avons accroché la cime du murier. On y guettait le retour des troupeaux. Passé le col le chemin dévale vers le village. Mais ce n’est que trompe-l’œil : reste une combe à franchir, le temps de fuir.

Faut-il tourner la tête



Vesc - 17.VII.02
Yves Béal, Chantal Bélézy, Marie-Pierre Canard, Isabelle Ducastaing,

Valérie Fumière, Thérèse Guérard, Marc Rousselet, Henri Tramoy


Date de création : 13/12/2009 15:27
Dernière modification : 13/12/2009 15:39
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