Chemins de ronde

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CHEMINS DE RONDE

n° 9 (1989)

NUIT DE VEILLE

Dix en séminaire. Dix de garde, deux à deux, nuit sur chemin de ronde. De relève en relève. Venus de l'Yonne, de l'Isère, de la Haute-Savoie ou bien de Bulgarie. Se passant la consigne, de garde en garde. La durée de chaque garde et de une heure et demi, de minuit à sept heures et demi.

1ère veille, 0h - 1h 30 : Dominique Dupin / Marie-Pierre Canard (extraits)

Averti d'un silence, meurtrissure des vagues

J'ai rangé sans ciller les aveux de l'urgence

Je veille avant, je vis l'âme du temps

VIGILANCE

Il drague les nacres du

couchant en flammes d'espérance

Centrées, les larmes jouent ses visions à la dague

À quelle heure le halo-rêve ?

REGARD

Je meurs à chaque hauteur. Le peu

d'aveu encrasse le feu.      Je perds

l'épure et avec elle…

PEUR

Rêve de char pour des os en douleur

L'arche des pas s'amenuise à

l'attente lasse

Il rame sans charme vers

l'amarre d'un au-delà.

MARCHE

2è veille 1h 30 - 3h : Sylviane Werner / Henri Tramoy (extraits)

Obstacle scalaire à l'insomnie

chair véloce et solaire

en clés d'errances assagies

s'étiole l'arme polaire.

Voir le geste divin évoquer la céruse

Renaître du désir dans la fureur de l'être

Illusionner l'urgence en puissance magique

et pantacles célestes

Enfin partir vers l'est.

3è veille, 3h -  4h 30 : Plamen Barakov / Olga France

RÊVE ASCENDANT (extrait)

*

Le feu argue d'une rage

latente, chaîne sacrée qu'émaille la vie

au cinquième cardinal, le temps baille, l'urgence

de la nuit qu'à l'Orient les cercles de cosmos nomades

brisant. La main drague au centre nacré des rosaces abyssales.

*

4è veille, 4h 30 - 6h : Serge Tadier / Claude Niarfeix

*

DÉDALE D'HUMANITÉ

Vertige des turbulence de l'étreinte

où les corps frissonnent de murmures éphémères

au jeu des ondulations du destin

quand les regards s'ombrent d'avidité.

Dans la lumière éperdue de l'eau sous la cendre

l'olivier s'enfle du creux des ans

comme un intrus l'inévitable obscénité

entexte la révolution au creux de l'œuvre.

*

5è veille, 6h -  7h 30 : Christine Tadier / Yves Béal

*

Étrangeté d'itinéraires

perdus au labyrinthe du sens

égarés à jamais dans l'éternité

Jamais le temps n'engloutira l'espace

S'égarent d'étranges rages qu'on range sans égards

et sifflent ouvertement les mots quand s'en creuse l'innocence

Immatérielle ouverture sur le vide

Suivre pas à pas la trace de nos peurs anciennes

réveiller vraiment en toi en moi

maintes marées métisses

qui tisseront l'amer

Tendrement lui donner à déchirer le réel

afin qu'à l'origine des signes s'écrivent toujours nos rages.

*

*

AUTRES TEXTES

Sentinelle, quel Roi t'a dit d'usuper la liberté ?

Ta porte du Roi, je m'en moque.

Sentinelle imbécile, par l'arc et le courage,

je te vomis.

Je garde la porte ouverte,

Graal de liberté !

Plamen Barakov

traduit du bulgare par l'auteur et H. Tramoy

AINSI ÉCRIVAIT CHAKIR

Le jour s'est sauvé des maisons lointaines,

il est passé à travers le grillage.

Le jour s'est sauvé d'un balcon bleu

qui rêve de planètes,

qui rêve de nuages.

Le jour s'est sauvé des yeux sur la route

et des fenêtres sur un paysage…

Driss Dardouri


Date de création : 17/05/2021 11:07
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