Kata-strophe

KATA-STROPHE

Définitions imaginées par Sylviane Werner, Henri Tramoy,Claude Niarfeix et Marie-Pierre Canard



Comme son nom l’indique, Kata-strophe est une forme poétique qui se présente sous l’aspect de strophes catastrophiques.
Partons de ce postulat étymologique : kata évoque «vers le bas», «en opposition» ou «contre» ; strophè invoque l’action de tourner, la volte, la révolution.

La kata-strophe, comme forme poétique, fonctionne donc comme un thème qui travaille la perte, la destruction, la rupture, l’échec ou la mort POUR SE RÉSOUDRE dans une résurrection, une transformation psychique ou un changement social (dans une sorte de dénouement de l’intrigue).
Mais c’est aussi une forme à contrainte : la langue tourne, fait volte-face. Au plan mathématique, elle se modifie dans sa morphologie (augmentation, transformation géométrique,…) et, au plan de la langue, elle est affectée dans sa matérialité (dans un double mouvement de dislecture et paralecture — voir note en bas de page).
En résumé, c’est une forme poétique qui traite d’un monde qui déraille dans une langue qui déraille.


***


Ainsi, dans une première acception, imaginée par Henri Tramoy, on veut considérer une kata-strophe comme un texte à trois états, en trois strophes.
- d’abord un état de déliquescence qui traduit un effondrement dans une règle mathématique descendante (division ou soustraction du nombre de mots) ;
- puis un état de volte-face qui traduit une révolte contre l’établi de la première strophe, dans une écriture circulaire ou spiralaire ;
- enfin, un état d’apaisement, de renaissance, qui traduit un changement, dans une mathématique ascendante (multiplication ou addition du nombre de mots).

***



Une deuxième interprétation, combinée par Marie-Pierre Canard, peut s’énoncer ainsi :
Une kata-strophe est un poème en trois strophes d’un nombre égal de vers, dont la deuxième est le retournement horizontal de la première et la troisième le retournement vertical de la deuxième.

 

***



La troisième adaptation, envisagée par Sylviane Werner, veut disposer que :
Une kata-strophe est un poème en cascade construit sur six vers initiaux.
Les deux premiers, transformés, prennent place en position 7 et 8, suivis, en position 9 et 10, par deux nouveaux vers, en écho à 7 et 8.
À la suite, les vers 3 et 4, à leur tour transformés, viennent en position 11 et 12, suivis, en position 13 et 14, par deux nouveaux vers, en écho à 11 et 12.
Par récurrence, on peut continuer dans un mouvement perpétuel, jusqu’à épuisement…

Il est loisible d’imaginer une variante, version finie de la précédente proposition :
Une kata-strophe est un poème en cascade construit sur cinq vers initiaux.
Les deux premiers, transformés, deviennent les vers 6 et 7, complétés en position 8 et 9, par des vers inédits. Les vers 3 et 4, transformés à leur tour, viennent en position 10 et 11, complétés, en position 12 et 13, par des vers inédits. Les vers 14 et 15, qui achèvent provisoirement le poème, sont respectivement la transformation du vers 5 et une transformation seconde du vers 1 (et donc du vers 6).

 

***



La quatrième traduction, improvisée par Claude Niarfeix, peut s’établir ainsi :
La kata-strophe est un poème en dix-sept vers, répartis en trois strophes, dont la première, composée de six vers, est non rimée.
La deuxième strophe, constitue l’antonyme de la première. Elle est rimée selon abcabc.
La troisième modifie la moitié du matériau linguistique de la deuxième (genre un mot sur deux…). Elle s’énonce en 5 vers, rimés ababc (ou dedef).


***


À vos plumes !

Sachant que le numéro consacré à Kata-strophe sortira des presses de l’imprimerie CLIP, au Rove, début juin 2018, il est judicieux, si vous souhaitez que vos textes y figurent, de les faire parvenir au Computé à réaction dans des délais raisonnables.

 

 Note à propos de dislecture et paralecture :

Décrites par Jean Ricardou (Théâtre des métamorphoses, Seuil, 1982), la dislecture et la paralecture peuvent se définir comme suit. Alors que la lecture procède par substitution de synonymes (un coup d'aile ivre se lit comme : un mouvement désordonné de l'organe de sustentation), la dislecture utilise des substitutions à caractère homonymique (un coup d'aile ivre peut se lire comme : un coup de livre ou même un coup délivre, ou encore un coulis des lèvres). La paralecture joue de substitutions hétéronymiques. Des hétéronymes sont des mots qui, bien que ni synomymes ni antonymes, jouent dans la même catégorie : frère et sœur sont des hétéronymes, ainsi que chaise, fauteuil et banc. Mais des mots de même orthographe qui se prononcent différemment et ont un sens différent sont aussi des hétéronymes : les poules du couvent couvent. Un exemple éloquent de paralecture est présent dans cet article, dans l'énoncé des 4 modèles de kata-strophe :

Ainsi, dans une première acception, imaginée par Henri Tramoy, on veut considérer…
Une deuxième interprétation, combinée par Marie-Pierre Canard, peut s’énoncer ainsi…
La troisième adaptation, envisagée par Sylviane Werner, veut disposer que…
La quatrième traduction, improvisée par Claude Niarfeix, peut s’établir ainsi…


Date de création : 18/03/2018 08:05
Dernière modification : 27/03/2018 18:46
Catégorie : -
Page lue 1703 fois